• Chapitre 21

    - J'adore cette statue, me fit Metla.

    Il me montra une grande dame toute en fleur, tenant dans une de ses mains des cerf et dans l'autre une cascade et un aigle. Nous étions au jardin botanique de Montréal, car Metla avait tenu à me changer les idées quand je l'avais rejoint. Contrairement à Orion, il n'avait pas l'air de m'en vouloir. Le jardin semblait fermer, car il n'y avait personne. 

    - Elle n'est pas mal... murmurais-je.

    Metla eu l'air attristé.

    - Je suis désolé si je t'ai attiré des ennuis avec Orion en le défiant de la sorte hier.

    Je secouai la tête.

    - Ce n'est rien, Metla. Ça devait arriver.

    Nous continuâmes en silence.

    - Alors, tu pars demain ? me demanda-il finalement.

    - Oui. A l'aube.

    Nous continuâmes à avancer en silence.

    - Et là bas, tu vas affronter les Draks... fit doucement Metla.

    Je frissonnai, sans répondre.

    - Je suis désoler, répéta le grand chat blanc. Je devrais venir me battre avec toi...

    Je secouai la tête, résignée.

    - Non, Metla. Ta place est auprès des tiens, auprès des Griffes de Montréal...

    - Elle est peu être aussi auprès de toi... murmura Metla en se rapprochant de moi.

    Son parfum me fit perdre mes repères. Pourtant, je parvins à murmurer :

    - Metla, promet-moi...

    - Oui ? fit le matou.

    - Promet-moi que si je meure lors de la bataille, tu te trouveras une reine, et tu auras des chatons qui te succéderons.

    Il eu un mouvement de recul.

    - Mais je ne peux pas te promettre ça !

    - S'il te plaît ! le suppliais-je. Si je meurs, je ne veux pas que ça ai d’impact sur ta vie. Je ne me le pardonnerais pas...

    Metla baissa les yeux. Il semblait réfléchir.

    - D'accord, fit il en relevant la tête. D'accord, mais tu dois me promettre un truc, toi aussi.

    - Quoi ?

    - D'abord, promet-moi de ne pas mourir. Et ensuite... promet-moi de revenir à Montréal. Au moins une fois.

    Je n’eus pas besoin de réfléchir.

    - Je te le promets sur ma vie, Metla.

    Il ronronna doucement, puis se resserra contre moi. Sa fourrure soyeuse était douce et chaude. Je ne le connaissais que depuis quelques jours et je n'étais pas encore partie, mais mon cœur se déchirait déjà. Nous passâmes devant une belle dame caressant des hérons à coté d'un bassin d'eau.

    - Ce que je préfère, c'est le jardin de Chine. Tu veux que je te montre ?

    Je souris devant tant d’enthousiasme.

    - Si tu veux.

    Avec un mouvement de queue entraîneur, il me mena jusqu'à un bassin orné de petite cascade, surmonté d'un temple chinois. On pouvait marcher sur des rocher bordant et traversant les cascades pour se rendre au temple. 

    - C'est magnifique ! murmurais-je.

    - Oui, répondis Metla en sautant à coté de l'eau.

    Le bassin était parsemé de lotus blanc comme la neige de mon pays. Je me souviens, que, humaine, j'adorais nagé. Alors, doucement, je me laissai glisser dans le bassin. Je senti l'eau sur mon pelage, mais, contrairement à celle du Rhône, elle n'était pas visqueuse et lourde. Celle-ci paraissait plus légère et pure. Je m’avançai un peu plus dans l'eau jusqu'à atteindre un point où je n'avais plus pieds. Heureuse de cette faciliter, j'éclatai de rire avant de plonger et de remonter à la surface. Metla me regardais de la rive. 

    - Tu es vraiment une chatte étonnante, me fit-il

    - J'ai l'esprit d'une humaine, lui fis-je remarquer. Je ne crains pas l'eau, sauf quand elle est visqueuse et collante. 

    Metla sourit, puis alla petit à petit dans l'eau. Il frissonna de dégoût.

    - Je ne vois pas comment tu fais. 

    Je nageai vers lui. 

    - Il suffit de penser qu'on marche. Tu sens toujours le sol sous tes pattes ?

    Il hocha la tête.

    - Bien. Il suffit juste de marcher. Vas-y, marche.

    Il s'exécuta. Comme il était plus grand que moi, il avait pieds plus longtemps. Comme une gracile loutre, je nageais autour de lui, plongeant, puis remontant dans l'eau. Il me regardait d'un air amusé en essayant de ne pas couler. Quand il n’eus plus pieds, je lui dis de continuer d'essayer de marcher.

    - Tu vas y arriver, lui fis-je avec un sourire. 

    Il me le rendit, et réussi à faire quelques brasses pour me rejoindre. Heureuse, je m’éloignât encore plus. Il me rejoignit encore une fois. Sûre de sa stabilité, je nageai rapidement jusqu'au milieu du bassin. Je me retournai pour le voir, mais il avait disparu.

    - Metla ? fis-je, inquiète. 

    C'était-il noyer pendant que je nageais ? Le bassin n'avait aucune ridures, sauf celles que je faisais en pataugeant avec anxiété.

    - Metla ? demandais-je une nouvelle fois plus fort. Metla, répond-moi ! 

    Mais j’étais inexorablement seule dans le lac entre les nénuphars. Je recommençai à scander son nom.

    - Metla ? Metla ? 

    Je me tournais sur moi même en tentant de garder la tête hors de l'eau et de ne pas étouffer à cause de l'angoisse.

    - Metla !

    Soudain, une tête blanche reconnaissable entre toute surgit des eaux devant moi.

    - Bouh ! cria Metla.

    Je poussai un cri.

    - Mais tu es malade !?! Tu m'a fais si peur !!! hurlais-je.

    Metla prit l'air embarrassé. 

    - Je voulais juste tenter une apnée... fit-il.

    Je soupirai pour me calmer.

    - Non, Metla, ce n'est rien. Désolée de mettre emporté et de ne pas avoir eu foi en toi.

    Il secoua la tête.

    - Non, ce n'est pas rien, Isis. Je suis désolé d'avoir été si idiot.

    Je ronronnai un court instant. 

    - Comment fais-tu pour nager aussi vite ? me demanda-il. J'aimerais bien essayer.

    - C'est simple, lui expliquais-je avec un sourire. Propulse-toi avec plus de force pas tes pattes arrière. Et mets les en parallèle de l'eau, tu te propulseras plus. 

    - Ok. 

    Il essaya, mais ne fit que couler un peu plus. Il le refit, et réussi mieux.

    -  Parfait. Maintenant, fait de même avec tes pattes avant et utilise ta queue comme balancier.

    Il le fit, avec plus de succès. 

    - Génial. Voyons si tu peux me rattraper, maintenant ! m'exclamais-je. 

    Je filai aussi vite qu'une comète dans les petites vagues.

    - Hé ! cria Metla en me suivant.

    Il était moins gracieux que moi, mais utilisais ses membres puissants pour mieux se propulsé. J'avais presque atteins la rive quand il me rattrapa. Il s'agrippa à moi comme pour me couler, mais nous avions pieds. 

    - Je t'ai eu, me fit-il.

    J'éclatai de rire. Les fleurs de lotus exaltaient leurs parfums autour de nous. Metla joignit son rire au mien. Puis, je plongeai mon regard dans le sien. Je me perdis dans ses yeux saphir.

    - Isis... murmura-il doucement.

    - Oui ?

    - Isis, je... je t'aime.

    J’entrouvris les lèvres.

     

    - Moi aussi, Metla... moi aussi... Je t'aime.

     

     

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